La vie d’aventurier nécessite souvent d’être vigilant et prudent, par exemple en faisant bien attention à ce qu’on boit et à ce qu’on mange. Tom de Dorlodot partage avec nous ses conseils « alimentaires » et nous révèle quelques bonnes pratiques afin de rester en bonne santé quand on navigue seul ou qu’on est confiné sur un bateau loin des zones habitées.
L’eau potable
Notre leitmotiv, sur le Search Projects, c’est d’avoir le plus d’autonomie possible, que ce soit lorsqu’on navigue en solitaire – comme pour une Transatlantique – ou lorsqu’on vit des moments plus spécifiques – comme lors d’un confinement. C’est notamment pour ça que le bateau est équipé d’un dessalinisateur, qui nous permet d’avoir constamment de l’eau potable à bord.
Les denrées fraîches
Pour gérer cette autonomie, et lorsqu’on fait escale ou qu’on doit se rendre sur la terre ferme quelque part, on fait généralement de grosses provisions, en privilégiant des denrées non périssables qui vont nous permettre d’avoir cette durée dans le temps. Mais bien sûr, à chaque fois que nous faisons nos courses, c’est aussi l’opportunité de s’approvisionner en fruits et légumes frais. A ce niveau-là, ce sont les mêmes démarches et la même philosophie qui prévalent que pour les courses en Belgique : acheter du local. Cela permet déjà d’éviter pas mal de risques liés à d’éventuels traitements chimiques de la nourriture, d’éventuelles congélations et dé- ou re-congélations, etc.
Inspectez les fruits et légumes
Lorsqu’on choisit nos fruits et nos légumes, on applique toujours – et même machinalement à présent – ce triple test : le toucher (avec les précautions d’usage), l’odorat et la vue. On réalise notre petite inspection. Cela peut prendre un peu plus de temps, mais c’est aussi la condition sine qua non pour être pleinement satisfait de son shopping ! Sur certains fruits, comme pour les bananes, on choisit toujours les plus vertes car le bateau est un lieu idéal pour les laisser murir. Il en va de même pour les avocats, les agrumes, ou par exemple pour les courges qui ont un excellent maintien dans le temps. A notre retour sur le bateau, on fait tremper certains fruits et légumes dans un seau d’eau de mer, ce qui peut aider à détruire les éventuels parasites qui seraient présents à leur surface. Pour les denrées telles que les pâtes, les céréales et autres, il faut toujours rester vigilant, par rapport au conditionnement notamment, car on n’est jamais à l’abri de la présence d’un petit ver, qui pourrait très vite se reproduire et envahir ou contaminer nos réserves !
Viandes et poissons
Nos ressources en protéines se trouvent majoritairement sous le bateau ! Et la pêche est à la fois un hobby que j’affectionne énormément et une super solution pour avoir du frais chaque jour, même lorsqu’on doit rester à bord pendant une durée prolongée.
Je pêche la langouste au lasso. Cela peut paraître étonnant et inédit, mais cette technique permet d’éviter de faire des bêtises. Actuellement, c’est la période de reproduction. Si j’attrape une femelle, il y a beaucoup de chances pour qu’elle soit remplie d’œufs … alors je la relâche. Les langoustes et les crabes s’invitent souvent à notre menu. Il y a de nombreuses façons de les cuisiner : à la plancha, avec de l’ail et un filet d’huile d’olive, ou dans une sauce pour les pâtes …
Pas tous les poissons sont comestibles !
Quand on pêche du poisson dans les eux tropicales, il faut vraiment faire attention. Certains poissons se nourrissent d’algues qu’on retrouve sur le corail. Mais elles peuvent être toxiques. Si un poisson les ingère, il sera toxique à son tour. L’intoxication alimentaire qui peut en naître s’appelle la ciguatera. Cette toxine se développe et s’amplifie aussi avec la chaîne alimentaire : un barracuda qui aurait été pêché sur une barrière de corail a un risque élevé de ciguatera ! Cela peut vraiment avoir des effets très indésirables sur nos organismes.
Quand on va plus au large, on trouve assez facilement d’autres types de poisson, comme du thon. C’est un poisson qu’on aime beaucoup car il peut aussi être cuisiné de nombreuses façons. On peut même le manger cru et se préparer des sushis ! Mais là aussi, certaines précautions doivent être d’application. Avant de le manger cru, on congèle toujours le poisson pendant 48h afin d’éviter toute mauvaise surprise. Le congélateur à bord est tout petit, mais il rend des services précieux, comme dans ce cas-ci …
Renseignez-vous
En fait, le seul vrai conseil qui prévaut réellement, surtout quand on est à l’étranger et dans un environnement qu’on ne maîtrise pas à 100%, c’est de poser des questions, de se renseigner. Il ne faut jamais hésiter à aller à la rencontre des locaux, leur demander conseil, tenir compte de leur avis et de leurs recommandations. C’est ce que j’ai appliqué depuis mes premières aventures en parapente. Si on peut aller spontanément demander son chemin ou un renseignement à des personnes du coin, il faut suivre la même démarche au niveau alimentaire par exemple. Et ne pas hésiter à demander 2 fois, pour éventuellement recouper ces informations, et avoir d’autant plus de chances d’être dans le bon.
Prenez le temps de découvrir
Un autre aspect super important – et à nouveau c’est d’application à l’autre bout de la planète mais aussi quand on est chez soi, à la maison – c’est d’avoir et de prendre le temps. Le temps de découvrir, le temps de se renseigner, le temps de réfléchir. Ce même temps qui permet d’apprendre, d’essayer et de s’améliorer. C’est aussi une des clés de ce que j’ai pu intégrer en voyageant autant.
Et cela ne s’applique bien entendu pas uniquement à la nourriture et à la cuisine. Pour remettre le bateau à l’eau et faire en sorte d’arriver, sains et saufs, là où nous sommes, j’ai vraiment dû développer des compétences, en mécanique par exemple, que je n’avais pas du tout au départ. Et là encore, être à l’écoute et être prêt à apprendre et à intégrer, c’est toujours ça la clé.
Quant à d’éventuels bons petits conseils en matière de bricolage et de débrouille, cela pourra certainement faire l’objet d’un prochain article sur ce blog d’Europ Assistance. N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et vos commentaires, c’est toujours un plaisir pour moi.
Mon expérience culinaire la plus inédite
Lors d’une expédition au Pakistan, j’ai été invité à diner par des bergers qui passaient l’été en haute montagne avec leur troupeau. Nous avons mangé des tripes de mouton. Là-bas il n’est pas question de gaspiller quoique ce soit. Tout se mange… J’avais tellement faim après avoir passé de longues journées en montagne, que finalement j’ai trouvé ça pas si mal. Mais attention, le goût est vraiment fort !
Deux recettes de Tom
Le ceviche
Tout d’abord, une recette de poisson cru que j’adore. Le ceviche. Nous mangions cela chez les locaux en Polynésie. Pour cela, j’utilise du poisson perroquet. On le retrouve en très grand nombre sur la plupart des barrières de corail, il est facile à pêcher ou à tirer au harpon.
Une fois sorti de l’eau, je le vide et je récupère les filets. Je les coupe en petit dés et je les garde sur le côté. Je presse un demi verre de jus de citron vert et un demi vert de jus de citron jaune. Je coupe un demi oignon rouge et une tomate en petit morceaux. Je mélange le tout. C’est le citron qui va cuire le poisson. Je rajoute les morceaux d’oignon, du sel, du persil, un peu de tabasco et pourquoi pas des morceaux d’avocats. Je mets le tout au frais pendant 30 minutes et c’est prêt… Un vrai délice !
La langouste grillée
C’est une recette extrêmement simple et délicieuse ! Une langouste est suffisante pour deux personnes. Je la coupe en deux au milieu dans sa longueur et je la nettoie (il faut enlever ce qui n’est pas blanc / transparent). Ensuite je mets simplement un filet d’huile d’olive, des petits morceaux d’ail, du sel et du poivre. Je la dépose sur le grill à charbon et je la retourne régulièrement. A déguster à la main… N’oubliez pas les antennes. On trouve une chaire délicieuse à l’intérieur.
Pour les légumes, j’adore la cuisson vapeur. Je place simplement un petit panier au-dessus d’une casserole pleine d’eau en ébullition. Je découpe les légumes en morceaux et je les fait cuire 20 min. C’est toujours plus prudent de manger les légumes cuits.
Prenez soin de vous, et restez curieux de tout ! A bientôt,
Tom
Photos: © Tom de Dorlodot
Suivez les aventures de Tom et Sofia et retrouvez leurs conseils dans notre dossier “Voyage et aventures“