L’aventurier et parapentiste Tom de Dorlodot s’est lancé dans une nouvelle aventure avec sa compagne Sofia dans le cadre de “Search Projects” : rénover un bateau et partir faire le tour du monde à la voile. Une aventure qui, comme toutes les autres, ne s’improvise pas et a nécessité pas moins de 3 années de préparation !
Voici ce qui l’a poussé à avoir le pied marin.
Tom répond aussi aux questions pratiques que se pose toute personne qui rêve se lancer dans une telle aventure : cliquez ici.
Voyager en voilier : un symbole fort
Après mon addiction « à la voile de mon parapente », lors d’une expédition autour des îles Marquises en Polynésie française il y a 3 ans, j’ai contracté un nouveau virus : toujours celui de la voile, mais cette fois sur l’eau ! Depuis lors, je m’étais promis d’approfondir le sujet et de partir un jour pour un tour du monde à la voile. Pour moi, le bateau, davantage que tout autre moyen de locomotion, symbolise la liberté, la découverte et l’aventure, dans le respect de la nature et de l’environnement.
Comment notre projet a pris forme
Bien sûr, embarquer à bord d’un voilier pour parcourir les mers et les océans du globe ne s’improvise pas.
Acquérir les connaissances et suivre une formation
La 1ère étape consistait à acquérir les compétences de navigation nécessaires. Et nous y sommes allés étape par étape, en prenant la mer avec des amis skippers, en les aidant sur le chantier de leur bateau, en suivant plusieurs stages de formation aux Glénans et en passant les différents examens pour obtenir tous les deux notre licence de skipper et avoir notre ICC (International Certificate for operators of pleasure Craft).
Le site de la Fédération Francophone de Yachting Belge est la bonne référence pour avoir accès à toutes les infos à ce sujet : http://www.ffyb.be/ (et www.vyf.be pour la Flandre).
Trouver un voilier
Tout au long de notre formation, Sofia et moi n’avons jamais perdu notre objectif de vue : faire l’acquisition de « notre » bateau.
Comme pour l’achat d’une maison, ça peut mettre du temps. Et toujours comme pour une maison, l’acquisition nécessite parfois d’importantes rénovations !
Tandis que nous pensions trouver notre bonheur du côté de la Bretagne, c’est finalement au Port de Bruxelles que se trouvait notre futur « chez nous ». « Les Trois Mousquetaires », un Jeanneau SUN FAST de 40 pieds rebaptisé « SEARCH PROJECTS » y était en cale sèche depuis plusieurs années et son propriétaire n’avait qu’un seul souhait : qu’il puisse reprendre la mer. Nous avons donc fait l’acquisition de ce voilier de 12 mètres, pour ensuite enchaîner sur pas moins de 4 mois complets de rénovation. Fin juin 2017, nous avons pu finalement inaugurer officiellement le voilier en présence de nos amis et des partenaires qui nous ont aidé à réaliser notre rêve.
A deux dans le même bateau
Au sens propre comme au sens figuré ! Contrairement à la plupart des expéditions que j’avais pu organiser jusque là, celui que nous avons appelé le #SailingSearch est aussi une aventure de couple. Même si je n’avais aucun doute sur le succès de notre tandem, c’était néanmoins une nouvelle variable à l’équation. Sofia est une globe-trotteuse dans l’âme. Citoyenne du monde, elle a successivement vécu en Argentine, au Paraguay, au Maroc et en Belgique. Détentrice d’un baccalauréat en communication, elle dispose d’une longue expérience dans le monde des médias et maîtrise parfaitement plusieurs langues. En entrepreneuse passionnée et amoureuse des grands espaces, ça allait d’office coller avec le Search !
Notre itinéraire et nos premières étapes
A peine étais-je rentré du Red Bull X-Alps que nous avons achevé les derniers préparatifs sur le bateau, pour quitter le Port de Bruxelles le vendredi 28 juillet 2017. Avec un 1er objectif : amener notre voilier jusqu’aux îles Baléares, à Majorque, pour y accueillir les Lotto Young Adventurers, début septembre. Ils seront les premiers à partager notre vie à bord. Et on se réjouit de pouvoir leur transmettre notre passion pour la voile. Au moment où j’écris cet article, nous venons de passer Gibraltar, basculant de l’océan Atlantique vers la mer Méditerranée. « Le métier rentre », comme on dit … J’apprends énormément et j’adore ça !
Après Majorque, on va certainement en profiter pour naviguer autour de la Corse, des côtes italiennes, de la Sicile … et puis probablement retourner vers Les Canaries où j’ai aussi le projet de combiner la navigation sur le voilier avec un projet en parapente pour y survoler les 7 sommets de l’archipel. Et puis enchaîner sur la traversée de l’Atlantique… Les idées ne manquent pas ! Et le plus grand plaisir reste de partager mes aventures avec le plus de monde possible. Je ne manquerai donc certainement pas de vous tenir au courant de nos prochaines rencontres et aventures !
A très bientôt,
« Fair winds & following seas » … Tom.
Comment se préparer pour faire un tour du monde en voilier ?
Tom répond à quelques questions de base qui aideront les personnes qui, comme lui, veulent se lancer dans un tour du monde à la voile :
1. Comment trouver un bateau ?
Le marché de l’occasion regorge de bonnes et de moins bonnes affaires. Il est primordial de bien définir son programme avant de se mettre à parcourir les sites de vente. Combien de personnes voyageront à bord ? Dans quelles régions du monde (froides, chaudes) ? Quel type et quelle gabarit de voilier conviendrait le mieux ? Veut-on un bateau rapide et léger ou un bateau plus robuste (en acier ou en aluminium) mais plus lourd et donc plus lent ? Quel est le budget d’achat et le budget pour le remettre à flots ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre avant de se mettre à chercher la perle rare. Ensuite, l’idéal est de travailler avec des professionnels et de se faire conseiller par des gens bienveillants qui connaissent bien le domaine. Surtout, il ne faut pas être pressé et se méfier des bateaux qui sont en vente depuis très longtemps ou des “trop bonnes affaires”.
2. Comment estimer l’état du bateau et déterminer les transformations ou réparations nécessaires ?
Le mieux, avant de passer à l’achat, est de faire expertiser le bateau. L’expert pourra rapidement faire une liste des choses à réparer ou à modifier et il confirmera la valeur du voilier. Peu de choses échapperont à son oeil professionnel. C’est un peu couteux mais cela vaut vraiment la peine. C’est la seule manière d’éviter les gros imprévus par la suite. L’idéal est d’avoir un historique complet du voilier et de prendre le temps de faire connaissance avec l’ancien propriétaire.
3. Quel équipement technologique doit-on prévoir à bord ?
La base c’est d’avoir une bonne radio VHF, un GPS, les feux de signalement et l’électronique classique à bord (anémomètre, girouette, sonde de profondeur, etc), le radar est un outil intéressant et l’AIS (qui fonctionne comme un transpondeur) vous permettra de voir les autres bateaux et cargos également munis du système sur votre écran GPS. Pour moi c’est un super outil. J’ai toujours un GPS portable à bord en back up. Le inReach Explorer de Garmin permet même d’envoyer un message de détresse si nécessaire. L’électronique, c’est génial. Mais il est néanmoins indispensable d’être munis de cartes papier à bord, ainsi que d’un compas de relèvement … et de savoir s’en servir. Les cartes ne tombent jamais en panne ! 😉
4. Quel budget doit-on prévoir ?
Il y en a pour toutes les bourses . J’ai des amis qui ont acheté un voilier pour 15.000 € et qui voyagent dessus depuis 3 ans. Pour un voilier d’occasion de 35 à 40 pieds en bon état, je dirais qu’il faut compter entre 60 et 150.000 €. Mais à nouveau, cela va dépendre de beaucoup de paramètres. Pour les travaux, la facture peut vite monter. En général, on dit qu’un voilier coute +/-10% de sa valeur en frais annuels. Les frais de port, l’assurance et les quelques travaux d’entretien s’élèvent vite à 10.000 €. Les bricoleurs débrouillards s’en sortiront beaucoup mieux et dépendront moins des chantiers.
5. Les travaux peuvent-ils prendre beaucoup de temps ?
Cela dépend vraiment de l’état du voilier à l’achat. L’idéal étant de le tester en allant naviguer et de faire les modifications ensuite. Pour le SEARCH Projects, nous avons travaillé quatre mois “non stop”. Mais notre bateau était en assez mauvais état au départ et nous l’avons remis à neuf.
6. Quelles sont les formalités administratives de base ?
Il est indispensable d’avoir sa licence VHF pour utiliser légalement la radio. Un cours pratique d’une journée et un examen théorique réussi feront l’affaire. C’est à prendre avec sérieux: la radio un outil indispensable pour appeler les secours et pour communiquer avec les autorités, surtout en cas de gros problème.
Je conseille vivement de se former sérieusement dans une bonne école de voile et de passer le brevet ICC (ou le Yachtman). Rien ne remplacera l’expérience et la pratique. Il faut passer du temps sur l’eau avant de se jeter dans un grand projet. Dès que vous vous sentez prêt, commencez par louer un voilier pour vous faire les dents.
7. Comment déterminer l’itinéraire et les escales de l’aventure ? Est-il conseillé de partir en solo ? Quelle est la meilleure saison ?
Je dirais que c’est la météo qui décide. Il faut jouer la sécurité et savoir faire preuve de patience et d’humilité si les conditions ne sont pas favorables. Il n’est pas conseillé de partir en solo sans une grande expérience de la voile. Il peut être très difficile de gérer la fatigue lorsqu’on est seul. S’il y a un problème à bord, il est toujours plus simple de le gérer en équipe. Les saisons changent autour du monde, disons déjà que l’été est plus propice (et plus confortable) pour démarrer au chaud et au soleil. Il ne faut pas forcément aller loin pour découvrir des coins superbes. L’Europe regorge de magnifiques régions à découvrir à la voile !
Vous avez aussi réalisé une telle aventure ? N’hésitez pas à partager votre expérience avec Tom.
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Lisez aussi l’article : “Vol de bateaux de plaisance: une réalité “
© Photos: Tom de Dorlodot
Nous l’avons fait ! Nous avons lâché les amarres il y a 7 ans…voir notre blog https://sas3intheworld.wordpress.com/, notamment “quelques réflexions après notre tour du monde” 03/07/2016.
Salut, je suis moi même entrain de me préparer depuis fin 2016, j’ai créé le site mikeno.fr qui décrit ma préparation, la recherche du bateau adéquate et enfin après avoir trouvé Le bateau, sa préparation. Mon départ est prévu pour le début de l’été 2020.
Peut-être qu’on se reverra quelque part dans ce vaste monde.
Bon vent
Philippe de Mikeno