Après leur séjour à Taiwan, Hong Kong et Macao, les Sixglobetruckers font escale à Bornéo.
Une question se pose: comment donner suite à leur voyage ?
Bornéo: tracasseries administratives pour notre Truck
C’est à Bornéo que nous sortons définitivement de l’hiver en ressentant à l’arrivée la chaleur écrasante que nous avions laissée en Ouzbékistan… Nous passons une nuit dans une guesthouse pour être prêts à récupérer notre Truck le lendemain. Mais personne sur place ne nous envoie de message… pas de nouvelles… On s’arrange pour retrouver le numéro d’un contact local qui peine à identifier qui nous sommes au téléphone, et nous donne un vague rendez-vous à 15h30. Quand on la rencontre elle passe un quart d’heure au téléphone avec différents interlocuteurs pour débrouiller les papiers qu’ils nous faudrait obtenir à fin de récupérer notre camion et quitter le port… et nous annonce que tous les bureaux ferment à 16h, il nous faudra donc revenir le lendemain pour effectivement lancer la machine. Le lendemain donc, on suit les différentes procédures et le camion peut enfin quitter le port. On découvre alors une cabine avant bien fouillée pendant la nuit (les clés sont laissées sur le contact toute la nuit et les portes restent toujours ouvertes)… notre radio et ses baffles ont bien sûr disparu, autant que nombreux gris-gris reçus en cadeau pendant le voyage et laissés là pensant qu’ils n’intéresseraient personne…
Puis, comme à chaque arrivée dans un nouveau pays, vient le moment de trouver une assurance. Mais cette fois l’entreprise s’avère plus compliquée, la plupart des voyageurs arrivent en Malaisie par la frontière Thaïlandaise sur la partie péninsulaire, les assureurs sont alors postés à la frontière, mais très peu y entrent comme nous par bateau à Kota Kinabalu. Nous essayons auprès de 3 compagnies internationales mais aucune n’accepte de nous vendre une assurance sans que nous ayons des plaques malaises… C’est finalement le patron d’une 4ème, qui se donne le mal de chercher un peu plus loin dans les réglementations et qui nous en vend une pour 3 mois, le minimum requis.
Le sultanat de Brunei
Nous entamons ensuite la descente de Bornéo qui nous oblige, par la seule route existante, à traverser Brunei. Petit sultanat niché en 2 parties géographiques distinctes dans l’état du Sarawak malais. Arriver à la capitale, Bandar Seri Begawan, nécessite donc de passer d’abord 3 frontières ! Pour notre 1ère entrée dans Brunei nous sommes confrontés à notre premier problème de frontière : à notre grande surprise on nous réclame un document spécial pour les « véhicules transformés » dont nous n’avons jamais entendu parler et qui se commande au Ministère des Transports 10 jours à l’avance !! Nous voilà bien désemparés car nous ne pouvons pas contourner ce sultanat… L’autre option est de retourner attendre tout ce temps en Malaisie… Mais après avoir échangé quelques blagues sur les footballers belges connus jusque-là, et montré notre Carnet de Passage garantissant une importation temporaire comme éventuelle porte de sortie… Les douaniers ce sont montrés plutôt embêtés pour nous et compréhensifs. Deux tampons dans le Carnet plus tard, nous étions repartis, avec des sachets de poulet marinés et des bonbons sous le bras en sus, comme pour s’excuser de nous avoir fait attendre !
Arrivés à la capitale nous découvrons la magnifique mosquée Omar Ali Saifuddin et tout le parc qui a récemment été aménagé autour pour l’anniversaire du sultan. En face se trouve Kampong Ayer, le plus grand village flottant du monde organisé avec une centrale de purification d’eau, des pompiers, des écoles et des pompes à essence sur pilotis.
Le Sarawak
De retour en Malaisie nous visitons cette fois l’état du Sarawak. On y trouve l’impressionnante grotte de Niah qui est encore cultivée par deux groupes ethniques : le premier y récolte le guano et le second grimpe dangereusement sur de longues tiges en bambous et cordes pour décrocher, à plus de 60m de hauteur, les nids d’hirondelles tant prisés en médecine chinoise. Nous nous promenons dans la ville de Kuching marquée par son passé colonial et la gouvernance des Rajas Blancs anglais, et visitons un écomusée donnant à voir les habitats, danses, tenues, recettes, jeux, chants, instruments, savoir-faire des différentes tribus de cet état. Les enfants ont particulièrement apprécié le jeu de l’alu-alu où il faut sauter au-dessus de bambous actionnés en rythme par deux personnes au sol sans se cogner les chevilles, et sont devenus rapidement assez forts en tir à la sarbacane.
Quelle suite donner à l’aventure « Sixglobetruckers » ?
Tout en profitant de Bornéo nous avons passé beaucoup de temps à nous réorganiser pour la fin de notre périple. Nous avons accumulé les informations au fur et à mesure et avons changé d’avis sur un nouvel itinéraire a peu près toutes les semaines… Nous avions envoyé notre camion depuis Osaka vers Bornéo avec le projet de passer la frontière terrestre de la Malaisie vers l’Indonésie sur cette ile, et de caboter ensuite avec les différents ferrys indonésiens jusqu’au Timor-Leste. De sa capitale Dili il faut ensuite 3j de bateau pour rejoindre Darwin en Australie. Mais il y a des hics. Une seule compagnie tient le monopole sur cette liaison et ils chiffrent très cher ce transport pour si peu de distance. Nous avons eu de plus en plus de retours sur le processus de quarantaine australien: pour entrer il faut que le camion soit parfaitement propre, comme neuf, sans le moindre grain de poussière y compris dans le moteur, sans le moindre insecte, y compris dans toutes nos affaires personnelles, pas la moindre tâche de graisse. A l’arrivée si ce n’est pas absolument impeccable les visites et revisites des inspecteurs font très rapidement grimper la facture! Plus d’un ont dû rajouter 5.000eur pour ce poste avec de petites Land Rover 4×4. Et en faisant nos comptes nous arrivons tout pile à la fin de notre budget fin mars, soit après l’année de voyage prévue.
Nous avons donc hésité entre : emprunter pour continuer la route jusqu’en Australie tout de même, stocker le camion à Bornéo et travailler quelque part pour économiser et continuer le voyage plus tard, revendre notre camion en Europe pour en acheter un autre en Australie et travailler entre les deux… et c’est finalement cette dernière solution que nous allons suivre !
Nous changeons donc de cap: nous allons reprendre la mer pour passer de Bornéo à la partie péninsulaire de la Malaisie, en profiter pour faire le tour en Asie du sud est que nous avions prévu initialement si nous avions traversé la Chine, ceci le temps qu’un contrat de travail ne se profile, et nous renverrons le camion en Belgique de Kuala Lumpur ou Bangkok pour le vendre à ce moment-là. De notre côté nous continuerons alors notre route vers le sud-est et l’Océanie en cherchant du travail en Nouvelle Calédonie! Dès que nous aurons économisé suffisamment et avec la vente du camion nous espérons ensuite faire le dernier saut vers l’Australie et y trouver un nouveau véhicule!
Nous organisons donc le shipping du Truck de Kuching à Kuala Lumpur, et pendant les 3 jours de traversée sans notre véhicule, nous partons à la découverte de Singapour!
A suivre…
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