Tous les motards circulent sur des routes où il y a potentiellement des virages dangereux. Pensons entre autres à certaines routes de nos Ardennes ou aux petites routes en lacets des zones montagneuses à l’étranger. Bien gérer les virages est dès lors essentiel et demande une certaine maîtrise de son véhicule.
Serge, le motard d’Europ Assistance de l’Info Trafic et moniteur moto, nous donne ses meilleurs conseils à ce sujet.
Voici 10 points d’attention pour gérer au mieux les virages dangereux à moto :
1. Le regard
La moto va toujours aller dans la direction du regard. Donc, dans un virage, même si on est tenté de regarder l’arbre dans lequel on ne veut pas aboutir, il faut se forcer à fixer son regard sur la solution et non sur le problème, la solution étant la sortie du virage.
Il ne faut pas confondre « voir » et « regarder » : il faut regarder un point qui se trouve le plus loin possible mais il faut voir tout ce qu’il y a autour de la moto, c’est à dire devant, derrière, dans les rétroviseurs et dans les angles morts.
2. La position sur la moto
Le dessous du corps, c’est à dire les genoux et les jambes doivent serrer la moto pour faire corps avec elle. La partie supérieure du corps doit, au contraire, rester souple et décontractée, les bras pliés et les poignets « cassés ». C’est le mouvement du corps qui va faire tourner la moto, aidé par le regard et par le point 3 ci-dessous.
3. Le braquage inversé ou le contre-braquage
La nature première d’une roue est d’aller tout droit. En tournant le guidon vers la gauche, la roue va « essayer » de récupérer la ligne droite et, de ce fait, entraîner la moto vers la droite et vice versa. En clair, cela signifie qu’il faut, en début de virage, pousser le guidon dans la direction opposée. Lorsque j’étais débutant, je ne comprenais pas ce principe, comme d’ailleurs la plupart de mes élèves, jusqu’au moment où j’ai essayé et constaté que ça marchait. Et, dès lors qu’on a testé ce principe, on se sent beaucoup plus à l’aise à l’approche du virage.
Sur YouTube, vous trouverez des vidéos qui expliquent cette pratique, dont celle-ci :
4. La vitesse
A moto, il est très important d’anticiper en toute circonstance et notamment à l’approche d’un virage : ce n’est pas DANS le virage qu’il faut penser à réduire sa vitesse mais AVANT celui-ci.
Lorsqu’on se trouve dans le virage, on accélère légèrement tout en gardant le regard fixé sur la sortie.
La vitesse doit également être adaptée en fonction du danger et des obstacles que l’on peut trouver sur sa route : accident, objet encombrant ou autre. Si, par exemple, la visibilité est de 50 m et que la vitesse impose une distance d’arrêt de 100 m, il faut impérativement ralentir de façon à pouvoir s’arrêter quoi qu’il se passe sur le trajet.
Dans les épingles à cheveux, l’anticipation est encore plus importante car on ne voit pas la fin du virage ni les éventuels obstacles, nids de poule et autres. On en revient au principe d’adapter sa vitesse à la visibilité pour pouvoir réagir, s’arrêter au besoin.
5. La trajectoire
La trajectoire à adopter en circulation doit être la même que sur un circuit sauf que sur une route hors circuit on ne dispose pas de toute la largeur de la chaussée. Tout motard connaît le concept « extérieur-intérieur-extérieur ». Cela signifie que l’approche du virage se fera à gauche pour les virages à droite, et vice-versa. Dans le virage, on se rapproche du point de corde (l’intérieur du virage) et en sortie, on se retrouve à nouveau sur l’extérieur.
Tout en regardant, bien sûr, toujours vers le point le plus éloigné possible.
6. Le passager
L’important est de bien « éduquer » son passager. Conduire avec un passager n’est pas plus difficile à condition que celui-ci applique les bonnes attitudes.
Il faut qu’il soit le plus immobile possible et surtout qu’il n’essaie pas de rester droit quand la moto s’incline, ce que font souvent les passagers qui ont peur. Le passager doit accompagner la moto dans les virages comme le fait, d’ailleurs, le conducteur.
7. Le stress et la peur
Il faut savoir que la peur et la moto ne font pas bon ménage. En état de stress ou de panique, on se crispe et c’est là qu’on fait tout ce qu’il ne faut pas faire : bras tendus, regard au mauvais endroit, etc. Avec la peur, chassez le naturel, il revient au galop…
8. Le revêtement
Il est évident que la vitesse d’approche du virage doit aussi tenir compte de ce qui pourrait être glissant, comme par exemple des marques routières, une plaque d’égout, des feuilles mortes ou autre chose. Encore une fois, ce n’est qu’en regardant loin qu’on pourra anticiper ce type de situation.
Quoi qu’il en soit, je déconseille fortement de rouler si les prévisions météo annoncent une possibilité de neige ou de verglas.
9. Carrefour ou virage ?
Il ne faut pas confondre carrefour et virage.
Le carrefour est le lieu de rencontre de plusieurs voies publiques où, la plupart du temps, on circule dans les deux sens. On n’y parle pas de virage, mais bien de changement de sens de circulation.
Dans un carrefour, on serre à droite pour tourner à droite et on tourne serré, à gauche pour tourner à gauche et on tourne le plus large possible.
10. Sur circuit et en circulation
Et enfin, bien que dans ces deux situations, la conduite ait des points communs, l’approche et le but sont très différents.
Dans le cas d’un circuit, le but sera d’aller le plus vite possible en essayant de ne pas « se planter » mais tout en sachant que les conséquences d’une chute seront rarement graves.
En circulation, par contre, il faut mettre davantage l’accent sur la sécurité. La moindre erreur peut être catastrophique pour le motard mais également pour les autres usagers. Cela n’empêche pas de « se faire plaisir » mais gardons en tête que le danger est omniprésent sur la route.
Rappelons quand même que 78 motards ont perdu la vie en Belgique en 2020 ! Il est probable que plusieurs d’entre eux seraient encore en vie grâce à une meilleure technique de conduite…
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