L’aventurier et sportif de haut niveau Tom de Dorlodot, qui publie régulièrement le récit de ses aventures dans notre blog, a été victime d’un grave accident en Norvège en mars 2024 lors de sa préparation à une expedition au Groenland. Un accident de snowkite l’a contraint d’abandonner le projet et de faire appel à Europ Assistance pour un rapatriement medical.
Dans cet article, il témoigne de sa mésaventure en Norvège et des leçons qu’il a pu en tirer.
Mon accident de snowkite en Norvège
Une expedition au Groenland
En mars 2024, je me suis rendu en Norvège pour deux semaines d’entraînements et de préparation en vue d’une grande expédition en autonomie au Groenland. L’aventurier Giles Denis et moi-même avions en tête de traverser une grande partie de la calotte glaciaire avec nos traîneaux en utilisant des kites pour nous tracter. Nous avions préparé cette expédition depuis des mois et étions très motivés et super excités par ce nouveau projet. Nous ne voulions rien laisser au hazard et avions décidé d’aller nous entrainer et de tester le matériel dans des conditions proches de ce qui nous attendrait dans le grand Nord.
Nous avions passé quelques jours en Norvège sans problème. Le snowkite (qui permet de se faire tracter en ski par un kite) procure des sensations de glisse magiques. La région était superbe, le plateau était recouvert de neige. L’endroit était très sauvage et je prenais beaucoup de plaisir à voyager sur des longues distances avec l’aide du kite.
Cela fait 10 ans que je pratique le kite surf et j’ai une bonne connaissance des phénomènes météos grâce à mon expérience en parapente et en voilier.
Le matin de l’accident, le vent était fort et les rafales parfois violentes. Nous avions quitté l’hôtel pour un entraînement dans une zone montagneuse qui me semblait assez technique. Le début de la journée s’était bien passée mais je sentais que le vent augmentait et que nous jouions avec la limite. Je fis part de mon inquiétude au moniteur qui était là pour nous encadrer mais il se voulait rassurant. Mon intuition me dit cependant d’être très prudent.
L’accident de snowkite
Après quelques heures de pratique, nous décidions de faire une pause et de nous arrêter dans un petit refuge pour manger une gaufre, se réchauffer et reprendre des forces. Lorsque nous sommes ressortis, les rafales de vent semblaient encore plus fortes : une force de plus de 35 noeuds et une température à -10 degrés.
J’ai insisté auprès du moniteur pour plier le matériel et continuer en ski jusqu’à la route. Mon guide me dit que la route était encore loin, que tout allait bien se passer, qu’il allait m’aider à faire décoller la voile. Je lui fis confiance. Mais en me préparant mais j’ai eu comme un doute, une intuition. J’ai tenté de faire décoller le kite mais fus directement catapulté dans les airs. J’ai perdu le contrôle de ma voile et je suis retrouvé à quelques mètres du sol à grande vitesse… J’ai atterri très violemment et ai senti ma jambe se fracturer. Mon ski ne s’était pas décroché. La voile a continué à me traîner au sol, c’était très violent. J’ai enchaîné les vols planes, ai perdu mon sac à dos, un ski… J’avais mal partout. Heureusement je finis par retrouver mes esprits et suis arrivé à larguer la voile. Je terminé couché dans la neige, au milieu des montagnes dans un vent soutenu. Je ne pouvais pas bouger, ma jambe était cassée au niveau de la botte de ski et tordue en deux dans un angle de 35 degrés… C’était vraiment très impressionnant !
Les secours
La gardienne du refuge était partie en motoneige 30 minutes avant l’accident. Nous nous retrouvions donc seuls, loin de la route. Heureusement, j’avais ma balise Garmin Inreach et je pouvais appeler les secours pour envoyer une position précise. Malgré le vent glacial et les rafales chargées de neige, je me suis protégé comme je le pouvais en m’enroulant dans ma voile. Heureusement, j’avais des vêtements adaptés et de très bon gants.
Les secouristes sont arrivés rapidement en motoneige, bravant les conditions météorologiques difficiles pour me rejoindre. Ils m’ont donné immédiatement des antidouleurs puissants, soulageant en partie la douleur lancinante qui me tenaillait. Ils m’ont placé dans un brancard et m’ont conduit à travers les montagnes vers la première route où une ambulance m’attendait pour me conduire en urgence à l’hôpital le plus proche.
À mon arrivée, l’équipe médicale s’est affairé autour de moi, retirant délicatement ma botte pour évaluer l’étendue des dégâts. Diagnostic : tibia et péroné fracturés en plusieurs endroits. Une opération était inévitable.
Alors que la douleur devenait presque insupportable, les médecins s’activaient pour réaligner les os, tirant avec force pour rétablir l’alignement. Chaque mouvement était une torture.
L’assistance médicale
Le lendemain matin, dès que possible, j’ai contacté Europ Assistance pour mettre en place les prochaines étapes. L’équipe a réagi avec une rapidité impressionnante, me guidant et organisant le rapatriement vers la Belgique. Un conseiller médical a pris le temps de m’expliquer chaque étape en détail. Europ Assistance a assuré toute la coordination, de la réservation de l’avion jusqu’à la communication avec l’hôpital en Norvège.
Le rapatriement
Les médecins norvégiens ont procédé à une opération pour fixer des broches et maintenir les fractures en place pour le voyage. L’ambulance est venue me chercher pour m’emmener à l’aéroport, où j’ai été pris en charge en chaise roulante jusqu’à l’embarquement dans l’avion. Le vol s’est déroulé rapidement, les antidouleurs faisant enfin effet.
Trois jours seulement après l’accident, j’étais de retour en Belgique, accueilli par l’équipe remarquable du docteur Putineau. Je n’ai eu à me soucier de rien, tout s’est déroulé dans le calme et l’efficacité.
Cette assistance n’a pas de prix, et je tiens à exprimer toute ma gratitude envers les équipes d’Europ Assistance pour leur soutien inestimable.
Après l’accident, l’opération et la rééducation
Après plusieurs semaines d’hospitalisation, de rééducation et de suivi médical, j’étais suis de retour chez moi.
“Cette expérience m’a appris beaucoup de choses. Tout d’abord, l’importance de respecter les conditions météorologiques et de ne pas prendre de risques inutiles. Également, l’importance d’être bien équipé et préparé en cas d’urgence. Cela m’a aussi permis de réaliser à quel point la solidarité et l’efficacité des équipes médicales et d’assistance peuvent être précieuses dans des moments difficiles. Je suis reconnaissant envers tous ceux qui m’ont aidé et soutenu tout au long de cette épreuve.
Cette expérience m’a également donné une nouvelle perspective sur la vie et m’a renforcé dans ma détermination à continuer à explorer le monde, tout en restant conscient des risques et en prenant les précautions nécessaires. Je suis désormais plus humble, plus reconnaissant, et plus déterminé que jamais.”
Les choses à faire et à ne pas faire
si vous pratiquez du snowkite
Ci-dessous, Tom donne quelques bons conseils à ceux qui veulent se lancer dans la pratique du kite surf.
Choses à faire :
- Prendre des cours avec un instructeur qualifié pour apprendre les bases du kite avant de commencer à apprendre le snowkite dans une école spécialisée en toute sécurité. Il y a de très chouettes écoles en Belgique: www.kitefun.be Choisir un spot de snowkite adapté, avec un vent constant et des conditions météorologiques favorables. Pour cela je vous conseille le plateau de Haugastol en Norvège. https://www.haugastol.no/en/kite-course
- S’équiper du matériel adéquat, notamment une aile de snowkite adaptée à votre niveau et à votre poids. L’école sera vous conseiller. Il vaut mieux une voile trop petite qu’une voile trop grande.
- Porter un casque et vérifiez la pression dans vos fixations de ski (pour qu’ils décrochent en cas de chute).
- Apprendre les règles de priorité et de sécurité sur le spot de snowkite.
- Commencer par des sessions d’entraînement sur terrain plat avant de s’aventurer sur des pentes plus raides.
- Pratiquer régulièrement pour améliorer votre technique et votre maîtrise du snowkite.
Choses à ne pas faire :
- Pratiquer sans suffisamment d’expérience et/ou sans l’accompagnement d’un professionnel ou instructeur expérimenté.
- Pratiquer seul sans avoir informé quelqu’un de votre itinéraire et de votre heure de retour.
- Forcer le passage dans des conditions de vent trop fortes ou instables.
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Photos : © Tom de Dorlodot