Dans le récit précédent, nous avions laissé nos Sixglobetruckers à l’entrée de la Thaïlande.
Découvrons ici comment s’est déroulé le dernier chapitre de leur long voyage.
Pas simple de rentrer en Thaïlande
Entrer en Thaïlande, voilà bien un sujet qui nous aura préoccupé depuis le départ. Cela fait deux ans que le gouvernement y interdit l’entrée pour les véhicules étrangers (exceptés les frontaliers bien sûr). On ne peut pas contourner le pays qui est entouré de mers des deux côtés, donc c’est un vrai problème. Mais depuis deux mois nous avons reçu des messages des autres familles de voyageurs que nous connaissons, tous sont passés, il semble que les douaniers se soient adoucis à certaines petites frontières dont les noms circulent sur internet. Nous tentons donc notre chance et sommes finalement très surpris par la facilité que nous avons à passer ! Depuis lors, nous avons même appris que le roi aurait levé cette interdiction, rendant de nouveau possible la traversée du pays.
La Thaïlande idyllique
Nous sommes donc bien contents d’y découvrir les îles du sud, où nous avons enfin accès à des bivouacs de rêve sur des plages idylliques… Puis nous nous sommes aussi arrêtés au centre de la péninsule thaï pour nous promener dans les parcs nationaux et réserves naturelles. C’est là que nous avons fêté les dix ans de notre deuxième ! C’est la seule qui aura eu la chance de fêter deux anniversaires pendant le voyage. Elle aura ainsi passé l’entièreté de sa neuvième année à vivre dans un camion et à voyager.
Nous entamons ensuite la visite des villes antiques du centre de la Thaïlande et remontons le temps avec les cités d’Ayuttaha, Lopburi, Kampaeng Pet, Sukkotai, contenant toutes d’innombrables palais en latérite aux bas reliefs et bouddhas plus ou moins bien conservés. Arrivés dans le nord, et avec une indigestion de temples, nous sommes heureux d’arriver à Chiang Mai pour sa ville animée, son artisanat et ses diverses activités.
Les enfants, étant enfin réconciliés avec la cuisine asiatique depuis que nous sommes dans ce nouveau pays (jusque-là les plats étaient souvent trop épicés où contenaient des abats dont ils n’étaient pas friands), nous en profitons pour prendre un cours de cuisine thaïe en famille !
Avec les quelques jours de visa qui nous restent, nous faisons même un crochet vers la ville de Chiang Rai et y découvrons de surprenants temples façonnés par des artistes contemporains ainsi que toute l’histoire de l’opium et des minorités ethniques qui a marqué cette région du triangle d’or.
Terre d’opium
Quelle émotion de garer notre Truck pour la première fois au bord du mythique Mékong, là où il vient séparer le Laos de la Thaïlande, et où on longe encore les berges de la Birmanie. Autrefois vivier d’organisations de stupéfiants, la région est désormais nettoyée grâce au travail de la reine mère thaïlandaise décédée récemment. Elle a soutenu des recherches pour faire des analyses de sol et voir quelles pouvaient être les plantes qui rapporteraient suffisamment aux paysans pour remplacer la culture du pavot. Avec ce travail de fond, l’agriculture s’est progressivement diversifiée, et conjointement, son travail d’éducation sur les méfaits de l’opium a porté ses fruits. Le grand et passionnant Hall of Opium construit dans la zone rend compte de toute cette aventure.
Comment passer au Laos ?
Nous comptions passer la frontière pour le Laos à cet endroit mais en étudiant plus précisément la carte, nous nous rendons compte que de l’autre côté, c’est 500 km de région extrêmement montagneuse qui nous attend ! On se ravise très rapidement car notre Truck est très lent en montagne, et nous n’avons aucune envie de risquer une panne au milieu de routes en lacets. Nous faisons donc demi-tour et visons la frontière ouverte aux étrangers : celle de Vientiane, qui est 1.000 km plus bas. Il nous reste pile les 3 jours de visa dont nous avons besoin pour y parvenir et avons encore saisi l’occasion pour avancer un bon coup dans le travail scolaire.
Vientiane
A Vientiane nous avons une amie qui nous attend et nous profitons de sa maison pour faire un gros nettoyage, des lessives et de longues douches pour tout le monde ! Mais au moment de repartir vers le nord du pays nous sommes toujours devant le même problème, il est très montagneux et nous ne souhaitons pas faire la boucle avec notre camion. Nous louons donc une voiture pour la première fois ! Outre le fait de nous conduire beaucoup plus rapidement à Louang Prabang, l’ancienne capitale pleine de charme du pays et dans la plaine des Jarres, qui porte encore de terribles séquelles des bombardements de la guerre du Vietnam, elle nous aura aussi permis de faire une petite pause de notre Truck. Dans un si long voyage le fait de changer d’univers ne serait-ce que quelques jours nous a paru être comme des « vacances » dont nous avons aussi eu besoin de temps en temps.
Le Laos, terre d’éléphants
Au pays du million d’éléphants il n’a pas été difficile de trouver en chemin un endroit où les enfants ont pu s’amuser à leur donner un bain dans la rivière et à se faire éclabousser avec leurs trompes ! Nous avons aussi été agréablement surpris dans ce pays par le nombre de grottes et cascades dont certaines sont remarquables. En particulier la grotte de Konglor qui se traverse sur 7 km avec une lampe frontale et à bord d’une pirogue ou la cascade de Kuang-si particulièrement bien équilibrée autour de ses bassins d’eau transparente.
Ce qui nous aura frappé au Laos, c’est le niveau de développement qui est resté très précaire comparé à celui de ses voisins. Beaucoup vivent encore sans eau et sans électricité dans des huttes aux toits de chaume et aux murs de bambous tressés. Nombre de villageois n’ont pas accès à des routes et ne se déplacent qu’en pirogue le long des affluents du Mékong.
De retour en Thaïlande
Après un mois passé dans le pays nous avons entamé la route du retour vers les ports à partir desquels notre camion pourrait repartir vers l’Europe. Nous passons donc de nouveau la frontière vers la Thaïlande et profitons encore de cette région est du pays, désertée des touristes, avant de rejoindre la capitale. Nous y avons trouvé de très beaux temples khmers rappelant ce que l’on peut trouver à Ankgor au Cambodge, ainsi qu’un lieu insolite : un seul banyan près du temple de Pimai est tellement grand qu’il occupe maintenant tout un bosquet dans lequel on peut largement se promener !
Bangkok, ville embouteillée
Arrivés à Bangkok nous nous heurtons pour la dernière fois au problème du parking dans une grande capitale. A l’étude de la carte nous repérons que tous les endroits touristiques se trouvent assez rapprochés sur les berges de la Chao Phraya qui traverse la ville. Nous savons Bangkok très embouteillée et le métro n’existe pas dans le centre. Nous avons donc rapidement opté pour l’option du parking de l’autre côté de la rivière, trouvé sans difficulté dans la zone d’un hôpital, et pour une circulation en bateau taxi. Les trésors du musée national, du palais royal et des plus beaux temples nous ont impressionnés. Nous avons aussi été amusés par les marchés aux amulettes, flottants ou encore de Chinatown !
Adieu à notre truck
Au moment de quitter Bangkok nous avons toutes les informations pour organiser la fin du voyage : Nicolas a trouvé du travail à Nouméa en Nouvelle Calédonie comme nous le souhaitions, il commencera le 1 août ! Seul un départ depuis Kuala Lumpur nous permet de récupérer notre Truck en Belgique à temps pour le vider et le stocker avant ce nouveau départ… Nous nous pressons donc de rejoindre la Malaisie pour le mettre dans le premier bateau possible. Dans la foulée nous publions l’annonce de vente du camion dont nous n’aurons plus besoin dans nos futurs projets ! Immédiatement une famille de français avec 5 enfants nous répond depuis Kuala Lumpur !! Ils vont bientôt devoir rentrer en France et projettent de faire le trajet par la route ! Notre camion arrive donc par miracle à leur porte !
Le camion leur convient et ils sont décidés à l’acheter mais nous ne parvenons pas à une vente officielle en Malaisie qui nécessite de se plonger dans une galère administrative inextricable. La solution que nous avons trouvée s’est finalement avérée être de renvoyer tout de même le camion par bateau en Belgique, de leur vendre officiellement le camion en Europe et pour eux de modifier leur itinéraire en se lançant alors dans une boucle vers l’Asie centrale depuis la France plutôt que vers un retour par la route depuis l’Asie du sud est qu’ils connaissent en réalité déjà très bien. Avec les 2 jours restants avant le départ du bateau nous avons donc préparé le déménagement de l’intérieur du camion en vidant tous les placards pour faire les cartons que nous n’aurons plus qu’à sortir à l’arrivée !
Tous ces derniers jours auront été vécus dans la précipitation mais aussi dans l’émotion car nous avons égrené progressivement le dernier pays, la dernière frontière, les derniers kilomètres les dernières nuits dans le camion, puis nous avons fermé la porte pour la dernière fois du voyage. Nous étions prêts à ce qu’il se termine et avons eu bien le temps de nous faire à l’idée mais à ce moment nous avions tous un pincement au cœur en regardant partir le compagnon qui nous aura mené vaillamment jusque- là.
Bientôt la fin de l’aventure
De notre côté, nous avons filé à l’aéroport avec le barda dont nous avons besoin pour le mois de retour auprès de nos proches. Nous y avons trouvé des billets d’avion last minute avec une pause allongée de quelques jours à Dubai ! Nous voilà donc sans notre Truck et à la découverte d’un dernier pays avant la toute fin de cette belle aventure…
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