25% des Belges utilisent des objets connectés, 28% une application mobile en lien avec la santé. Le futur de la santé sera-il obligatoirement de plus en plus connecté ?
Suivi à distance, téléconsultation ou applications dédiées comme le CST … Tous ces outils développés rapidement lors de la crise sanitaire ne sont qu’une partie d’un écosystème digital qui s’étend de jour en jour autour des questions de santé.
Une grande part de cet écosystème existe sous forme d’ objets connectés. De la montre au tensiomètre, de la balance au pilulier en passant par les glucomètres : les objets connectés sont de plus en plus utilisés … voire imposés.
Un objet connecté, qu’est-ce que c’est ?
Un objet connecté est un objet capable de communiquer avec un réseau informatique par wifi, bluetooth, puce électronique. Cette connexion permet un partage rapide et intelligent des données.
Vous utilisez tous les jours des objets connectés, vous êtes même en train de lire cet article sur un objet connecté. Si vous êtes un amoureux de domotique, vous vivez avec les objets connectés (votre frigo intelligent, l’éclairage à distance, l’ouverture de porte via une application …). Vos compteurs électriques ou de gaz envoient peut-être aussi les données de votre consommation directement à votre fournisseur.
L’objet connecté ou le dispositif médical?
La spécificité des objets connectés pour la santé fait qu’ils sont souvent équipés de plusieurs capteurs pour mesurer vos paramètres. Ils peuvent suivre le poids, la fréquence cardiaque, l’activité physique …
Si certains objets connectés (comme une montre) sont un objet de loisir, d’autres sont réellement des dispositifs médicaux. Ces dispositifs, destinés pour l’instant aux patients atteints de maladie chronique, ont pour but d’améliorer sa gestion quotidienne de sa maladie.
Les objets connectés peuvent être prescrits par votre médecin généraliste ou par votre spécialiste. Les professionnels de santé pourront même effectuer un suivi à distance de vos constantes via des applications dédiées.
Est-ce utile d’investir dans un objet connecté pour sa santé?
Évidemment, chaque personne a des besoins différents. Avant de penser à investir dans un objet connecté, posez-vous les bonnes questions :
- Quel sera son utilité dans votre vie de tous les jours ? En avez-vous vraiment besoin ?
- Quel est l’avis de votre médecin ? Quels sont les avis d’autres utilisateurs ?
- Quel est votre rapport à la technologie ? Saurez-vous utiliser cet objet connecté correctement, comprendre les résultats ?
- Quelles sont les garanties en matière de sécurité ? En termes de fiabilité ?
La question des données, importante pour les objets connectés
Qui dit données, dit possible transmission de données (à des tiers). Une montre qui compte vos pas transmet des données de votre montre à votre téléphone. Mais un objet directement relié à votre médecin signifie un transfert de données vers des tiers.
Même si les objets connectés dédiés à la santé sont particulièrement bien sécurisés, n’hésitez pas à vous renseigner sur le traitement et le stockage de vos données. Et si vous devez vous connecter à une application ou créer un compte, reprenez nos bonnes astuces pour créer un mot de passe sécurisé.
La réglementation sur les objets connectés pour la santé
Une plateforme fédérale pour les applications de santé
En Belgique, il existe une plateforme qui répertorie toutes les applications mobiles de santé, reconnues comme dispositifs médicaux : mHealthBelgium. Cette plateforme, à l’initiative du Gouvernement Fédéral, se base sur trois critères évolutifs de validation :
- M1 : Un dispositif médical CE certifié par l’AFMPS – Agence Fédérale du Médicament et Produits de Santé
- M2 : Un dispositif médical certifié, connecté en toute sécurité
- M3 : un dispositif médical certifié, sécurisé, qui montre une évidence socio-économique et qui est financé par l’INAMI
Pour l’instant, il existe 34 applications répertoriées par la plateforme. Aucune de ces applications ne sont, pour le moment, au niveau “M3”, financées par l’INAMI.
Objets connectés et assurances
Les données récoltées par les objets connectés peuvent intéresser les assurances. Mais la loi belge a été modifiée au début de l’année 2021 en ce qui concerne l’assurance vie et l’assurance maladie.
Cette loi interdit aux compagnies d’assurance :
- D’opérer une segmentation sur le plan de l’acceptation, de la tarification et/ou de l’étendue de l’assurance en fonction du fait que le candidat assuré accepte (ou non) d’acquérir ou d’utiliser un objet connecté qui récolte des données personnelles liées à la santé.
- De refuser une assurance ou d’augmenter le coût du produit d’assurance si un candidat assuré refuse d’acquérir ou d’utiliser un objet connecté qui récolte des données de santé.
Les données de santé, des données sensibles
Le site de l’Autorité de Protection des Données nous informe que les données de santé sont considérées comme des données “sensibles”, au même titre que les données liées à l’ethnie, à la génétique ou à l’orientation sexuelle.
Ces données bénéficient d’une protection bien plus importante légalement. A priori, l’exploitation des données à caractère personnel de santé sont interdites (article 9.1 du RGPD). Pour autant, l’article 9.2 prévoit quelques exceptions :
- La personne concernée y a consenti expressément
- Le traitement est nécessaire à la sauvegarde d’intérêts vitaux
- Le traitement est nécessaire pour des motifs d’intérêt public ou de prise en charge sanitaire
Objet connecté et futur de la santé
Il est à supposer qu’avec l’accélération des technologies, l’expansion toujours plus rapide du digital et les nouvelles normes en termes de réseaux et de partage de données sécurisées, la santé sera de plus en plus dépendante du monde digital.
Certaines évolutions tendent même d’intégrer l’objet médical à l’être humain ! On peut évoquer les micropuces, qui pourraient être implantées pour suivre les constantes vitales lors d’une opération. On peut aussi évoquer l’utilisation de l’ADN (synthétique, pour l’instant) comme outil de stockage de données, bien plus performant que le Cloud ou qu’une clé USB.
Les objets connectés font désormais partie de notre quotidien. Il en est de même de ceux qui mesurent ou régulent notre santé. Si leur utilité et efficacité ne sont plus à prouver, restons cependant vigilant quant à leur utilisation par des tiers.
Article rédigé en collaboration avec We are the Words.
Découvrez nos autres articles sur la sécurité informatique en cliquant ici.