Dans leurs cinquième récit d’aventures, nos Sixglobetruckers ont quitté l’Ouzbékistan pour rejoindre les steppes, les lacs et les montagnes du Kirghizstan et du Kazakhstan. Découvrez leur voyage à travers ces pays ci-dessous.
Le Kirghizstan : le pays des yourtes et des cavaliers
Arrivés au Khirgizstan sans problème nous commençons comme d’habitude par le trio : trouver de la monnaie, une carte sim et une assurance locale. Peine perdue en ce qui concerne l’assurance : le système n’existe pas dans le pays. Nous partons donc sans sur la route qui mène à la capitale et le paysage change immédiatement… il s’arrondit d’abord, verdit, le pays est beaucoup moins peuplé et tout de suite : des cavaliers partout ! Un de nos premiers bivouacs du pays aura été au bord du lac Toktogoul, enfin au frais, avant de traverser des prairies remplies de yourtes, chevaux et ruisseaux devant un décor de cimes enneigées.
Nous faisons de nouveau une petite pause garage pour souder la fêlure de notre compresseur qui continuait à l’usage à laisser échapper de l’air en vue de deux grands cols qui nous attendent en chemin, le premier à 3000m et le second à 3500m. Nous arrivons à Bichkek, la capitale, juste à temps pour cueillir notre première invitée ! Arrivée chargée de denrées que nous lui avions commandé (recharge de copeaux, d’imprimante, saucissons, pâtés, fromages, moutarde, sandales plus grandes pour les enfants), nous nous apprêtons à passer une semaine ensemble à voyager à 7 dans nos 13m2 !
Des contrôles routiers… pas toujours justifiés
Désireux de visiter la capitale nous avons rapidement été découragés par un policier qui nous arrête et nous fait payer une amende (12 euros) au prétexte que les camions sont interdits en ville (aucun panneau en vue). Il propose de réduire la note s’il ne fait pas le papier officiel, espérant ainsi gagner du temps et se mettre le butin dans la poche. Nous résistons et l’obligeons à nous accompagner en ville pour payer ce que nous devons au bureau de poste… et lui faire perdre 1H30 de « travail » auprès des autres automobilistes.
La veille déjà même scénario : d’après un policier nous roulions à 56km/h au lieu de 50km/h… amende avec la même proposition de réduire la note sans papier. Comprenant rapidement qu’il s’agit là d’un moyen bien rôdé de doubler leurs salaires, et voyant tous les 10km des officiers bien cachés et particulièrement zélés avec leurs radars sur le coude, nous nous sommes vite mis au pas. 40km/h dans les nombreux villages, souvent même 20km/h aux abords des écoles – même en période de vacances scolaires – 60km/h sur les plus grandes routes, beaucoup moins sur les nombreuses pistes du pays… finalement nous aurons atteint notre record de lenteur dans ce pays avec une moyenne totale de 36km/h !
Des paysages à couper le souffle
Encore une fois les choses sont bien faites… cela nous aura laissé le temps de profiter du paysage qui est absolument superbe ! Nous avons commencé par quelques jours au bord du lac Song-Kol, un des plus beaux lacs du monde, à 3000 m d’altitude il est entouré de cimes enneigées. Quelques yourtes occupent les berges se partageant le terrain avec de nombreux chevaux et des champs d’edelweiss. Nous y avons retrouvé un couple d’amis rencontrés en Iran, puis croisé en Ouzbékistan, nous voilà de nouveau rassemblés pour un barbecue (au combustible de bouses tassées et séchées… pas un arbre aux alentours) dans un bivouac de rêve ! Nous avons ensuite rejoint le lac Issyk-kol, le plus grand du pays autour duquel les vallées donnent à voir des paysages magnifiques et diversifiés : falaises rouges ici, colorées là, sapins et cascades ailleurs… Nous aurons également visité une fabrique de yourte, malheureusement inactive le jour où nous y étions, pour cause de « semaine de la cueillette d’abricots ».
En Ouzbékistan nous avons surtout profité des villes, les paysages n’offrent rien d’exceptionnel… à l’inverse, au Kirghizstan les villes ont très peu d’intérêt comparativement à la nature qui offre d’innombrables possibilités de randonnée. Nous avons fait l’exception en parcourant la petite ville de Karakol qui compte un zoo avec des exemples de faune locale, dont le cheval de Prjevalski découvert dans la région, un musée régional qui présente une salle sur l’exploratrice suisse Ella Maillart, une vieille église orthodoxe en bois, et une étonnante mosquée en forme de pagode.
Pour notre dernier bivouac dans le pays nous nous sommes approchés d’une famille de bergers leur demandant l’autorisation de dormir à plat près de leur campement d’été. Ravis ils en ont profité pour nous inviter à boire un thé et leur fils de 10ans aura pris le temps de promener patiemment chacun de nos enfants sur sa propre jument.
Entrée au Kazakhstan
Après encore des dizaines de km de piste nous rejoignons alors la toute petite frontière qui n’ouvre que l’été pour nous faire entrer au Kazakhstan en un temps record. Nous faisons halte au canyon Charyn, un des lieux les plus appréciés dans le sud du Kazakhstan, il rappelle vivement son grand frère américain. Nous rejoignons ensuite Almaty, l’ancienne capitale du pays, pour échanger une amie contre une sœur.
Entre ces deux visites nous aurons pris une nuit dans une auberge et deux jours pour demander nos visas mongols, trouver une assurance voiture (obligatoire dans le pays, elle n’est pas vendue à la frontière) faire un gros nettoyage du camion, un round de lessives et prendre de bonnes douches dont nous avons été privés au Kirghizstan (trop froid). Nous nous renseignons également pour le changement des amortisseurs mais les pièces restent introuvables. Entre ces démarches nous rencontrons une autre maman dans un parc qui s’empresse de nous inviter : elle tient à nous faire gouter le « Bechbarmak », LE plat national kazakh… à base de cheval ! Heureusement que nous avons laissé tomber nos à priori, c’était absolument délicieux !
Entre steppes, montagnes et lacs
On se met ensuite en route pour le parc Altyn Emel et sa « dune chantante » située à 300km de là: lorsqu’on se laisse glisser un bourdonnement sourd se fait entendre ! Puis nous comptions rejoindre la Russie par la route de l’est mais sommes terriblement tentés : en ce moment à lieu l’exposition universelle à Astana et nous n’avons pas eu l’occasion d’en voir jusque-là… demi-tour, nous retournons à Almaty et entamons les 1200km qui nous séparent de la capitale. En chemin plusieurs haltes nous attendent : le site de Tamgaly avec plus de 4.000 pétroglyphes qui datent de l’âge de bronze, la steppe où nous avons fêté les 6 ans de notre dernière, le lac Balkash où nous avons pu nous baigner, et le siège du goulag de Karlag à Dolinka – maintenant transformé en musée il retrace la période des purges Staliniennes et les temps de l’occupation russe en Asie Centrale.
Astana : capitale au goût occidental
Enfin arrivés à Astana nous n’en revenons pas… nous avons l’impression d’arriver à Las Vegas après la traversée du désert ! Ayant côtoyé les steppes sans villages pendant des dizaines d’heures nous voilà maintenant dans une ville qui scintille de mille feux. Garés à 22h nous cherchons à nous alimenter et tombons, éberlués, dans un des nombreux centres commerciaux gigantesques rempli de monde : on retrouve toutes les marques connues de chez nous et même des gaufres belges ! L’exposition tient ses promesses, le musée sur les énergies du futur est remarquable, ainsi que le pavillon consacré aux solutions déjà présentes sur le marché. Le reste de la ville d’Astana comprend nombre de bâtiments et d’œuvres d’art contemporains, partout des chantiers sont encore en cours… témoins de la volonté du président actuel d’en faire une grande ville comparable aux capitales occidentales.
Pour rejoindre la Russie nous passons encore par la zone qui servit aux essais nucléaires russes – nous avons sagement évité la visite précise du site encore irradié – puis par la ville de Semeï où Dostoïevski a été exilé pendant quelques années. Nous avons finalement été très étonnés par le Kazakhstan qui est de loin le plus développé des pays d’Asie Centrale. Le plat des steppes sur d’immenses zones inhabitées, sans cultures, sans arbres nous a beaucoup impressionné. Nous y avons quitté les territoires principalement musulmans pour rejoindre peu à peu ceux des orthodoxes… et comme partout nous avons été touchés par l’impressionnante hospitalité des personnes que nous avons rencontrées !
A suivre…
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