Michel et Julie, nos globe trotters Du Monde au Tournant sont allés près d’un mois au Myanmar (anciennement la Birmanie), pays qui a longtemps été difficile d’accès pour les touristes. C’est l’occasion de leur poser quelques questions…
L’accueil
Europ Assistance : Le Myanmar est un pays très joli et « vierge » (puisqu’il à été tenu à l’écart des influences du monde extérieur pendant des années). Est-ce ce que vous l’avez ressenti ?
Michel et Julie : Oui et non.
Oui : les gens sont, de manière générale, encore très curieux lorsqu’ils croisent des visiteurs. Nous avons beaucoup aimé notre voyage en train vers la province Shan où nous avons eu un super contact avec les locaux. Nous sommes également allés dans un grand marché où l’on croise des tribus locales.
Par contre, comme le pays est ouvert depuis environ trois ans et qu’il est l’un des plus convoités des touristes à la recherche d’authenticité, le gouvernement regroupe la plupart des touristes dans le triangle Yangon – Bagan – Lac Inlay. Et là où c’est touristique, on trouve des personnes qui tentent de vous vendre un souvenir, un service ou un bien… Dans cette zone, il y a donc une raréfaction des contacts humains désintéressés.
Les transports
EA : Est-il facile ou difficile de voyager ?
MJ : Il y a des circuits traditionnels parcourus par les touristes. Entre ces zones, on trouvera facilement des bus, des mini-vans et des trains. Il faut généralement compter 4-5$ pour qu’un taxi vous achemine de votre guesthouse au transport ; on peut également voyager en bateau. Nous avons pris un bus de nuit assez confortable, avec un bon service pour 15$ entre Kalaw et Yangon (9 heures de voyage) avec une collation, une bouteille d’eau et un pick-up vers le centre ville. Le train ne coûte quasiment rien mais il faut par contre montrer le passeport de chaque voyageur au guichet. (1,50$ pour aller de Mandalay à Bagan (10h)).
Les logements
L’offre de logement est grandissante mais elle est fortement contrôlée par le gouvernement ; les guesthouses et hôtels ont besoin d’une licence pour accueillir les touristes étrangers et les coûts sont bien plus élevés que pour les locaux.
De manière générale, vous trouverez difficilement une chambre double pour moins de 25$. Comme il y a une forte demande et peu d’offres, il est difficile de négocier, même en basse saison.
Les zones contrôlées
EA : Etes-vous libres de tout mouvement ?
MJ : Certaines régions sont soumises à une demande d’autorisation. D’après des voyageurs qui sont au Myanmar depuis des années, une région peut être autorisée un jour mais pas l’autre. Les zones de conflits, entre le gouvernement et certaines tribus, ne sont généralement pas autorisées.
Anecdote : à Bagan, Michel n’a pas voulu payer le droit d’accès à l’entrée de la ville. Il a voulu visiter un village qu’il avait repéré sur une carte, accessible par une route de terre. Pendant ses 4km de marche, des gens l’interpellaient tous les 150 mètres pour lui demander ce qu’il faisait là, où il allait, pourquoi il allait là, et finissait par lui indiquer qu’il était censé aller par la route principale… où il fallait payer évidemment.
EA : Vous êtes-vous sentis contrôlés ou tenus à l’œil ?
MJ : Nous avons eu cette impression à Mandalay. La loi martiale a été décrétée pendant notre séjour dans la seconde ville du pays ; nous ne pouvions pas sortir après 21h. Nous avons été interrogés par un informateur du gouvernement qui était en scooter. Au départ, nous ne nous sommes pas méfiés car les questions qu’on nous posait était habituelles pour nous : où allons-nous, de quel pays nous venons, etc. On a compris à qui nous avions à faire lorsqu’il a commencé à nous demander pourquoi nous restions aussi longtemps dans la même guesthouse, ce qu’on y faisait, si on y travaillait, etc.
Les guesthouses à Mandalay sont aussi tenues d’imprimer deux fois par jour le registre des clients : 17 copies le matin et 6 le soir. Un fonctionnaire passe les chercher et repart.
EA : Y a-t-il des choses que vous ne pouvez pas visiter, pas photographier ?
MJ : Nous n’avons pas beaucoup visité, on n’a pas été confronté à des refus mais parfois, il faut payer pour pouvoir prendre des photos dans un temple (comme au sommet du Mandalay Hill… mais c’est gratuit avant le sommet). Mais ça, ce n’est pas propre au Myanmar.
La liberté d’expression
EA : Les gens sont-ils libres de communiquer avec les étrangers ?
MJ : Oui et non. Lors d’une discussion portant sur un sujet politique, notre interlocuteur nous a fait savoir que ce genre de conversation pourrait lui amener quelques problèmes mais qu’il y avait moins de risques qu’il y a 2-3 ans. A cette époque, il aurait été interrogé pour avoir parlé avec un groupe d’étrangers; les personnes restent très méfiantes.
Par ailleurs, les locaux n’ont pas le droit d’accueillir des étrangers pour dormir, le couchsurfing n’y est a priori pas autorisé ; vu qu’il y a des informateurs dans chaque quartier, en plus « d’espions volants » (qui se baladent), peu de locaux se risquent à désobéir ; c’est un moyen efficace de contrôler les interactions et ça oblige également les gens à se loger dans les hôtels et Guesthouses (pour le retour économique).
Les étrangers qui vivent au Myanmar, surtout dans les grandes villes, ont plus de facilités à accueillir des étrangers mais même à Yangon, la capitale, où nous avons été logés par un Belge pendant une nuit, il craignait que sa voisine vienne reporter à son propriétaire qu’il logeait deux étrangers ; de manière générale, il ne faut pas s’attarder plus de 2-3 nuits dans ce genre de situation.
Voyager au Myanmar ?
EA : Une conclusion ?
MJ : Le Myanmar a de beaux attraits touristiques et il le sait ; il table sur un tourisme de masse et de luxe ; le gouvernement cherche avant tout à rentabiliser son patrimoine en allant chercher l’argent où il y en a.
Si vous choisissez des villes et villages secondaires, moins visités, si vous agissez avec respect et en montrant de l’intérêt pour les personnes en prenant le temps de voyager et d’entrer en contact avec les gens, vous obtiendrez des beaux moments de partage et de découvertes.
Par exemple : Nous avons rencontré un pompier dans un village de montagne : il nous a payé le café, nous a offert le repas dans l’échoppe de sa femme et a emmené Michel à la Pagoda (sorte de temple bouddhiste). Il était simplement généreux et voulait montrer son village aux seuls touristes du village qui se comportaient dignement, qui étaient courtois et polis avec la population locale. L’un de nos beaux souvenirs du Myanmar !
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texte et photo © Du Monde au tournant