Certaines formes de tourisme ont vu leur offre croître fortement et ont gagné en popularité depuis la fin des années 80 : c’est le cas du “dark tourism” et du tourisme de pauvreté. Une série sur Netflix y a récemment été consacrée. Ce type de tourisme a toutefois ses partisans et ses détracteurs.
De quoi s’agit-il ?
Le dark tourism: visiter les lieux sombres de notre civilisation
Le dark tourism ou tourisme noir (appelé aussi « tourisme sombre ») renvoie à la visite d’endroits
- qui furent jadis des lieux de guerre ou de conflits : p.ex. la plage du débarquement, les cimetières militaires ou civils de guerres ou conflits…
- où un désastre a eu lieu : p.ex. Ground Zero à New York, Tchernobyl, Fukushima….
- où un fait historique ou un accident/incident a eu lieu, comme le Pont de l’Alma à Paris (décès de la Princesse Diana), ou le « JFK Assassination Tour » à Dallas…
- où un grand nombre de personnes (parfois des milliers d’individus) ont perdu la vie : p.ex. les anciens camps de travail ou de concentration comme Auschwitz ou Birkenau, le musée du génocide Tuong Sleng à Phnom Penh…
- et lieux historiques à connotation négative : p.ex. des prisons réputées comme Alcatraz ou celle où fut détenu Nelson Mandela à Robben Island, la porte des esclaves à Ouidah (Bénin), les léproseries de Molokai (Hawaii), la visite de catacombes…
ainsi que tous les musées et monuments commémoratifs créés à la suite de ces faits ou événements comme le Holocaust Memorial Museum à Washington DC, le Hiroshima Peace Memorial Park, le musée In Flanders Fields à Ypres, la maison de Anne Frank à Amsterdam, voire même le London Dungeon qui met en scène les méthodes de tortures au temps du roi Henri VIII…
Dans certains cas, ce tourisme noir s’apparente à un tourisme de catastrophes, p.ex. après une catastrophe naturelle.
La liste serait bien trop longue à énumérer, car ces endroits sont très nombreux partout dans le monde.
Certains « tour-opérateurs » vont carrément plus loin et proposent aux touristes de vivre eux-mêmes une aventure déplaisante, comme se mettre dans la peau de (narco)trafiquants, de réfugiés illégaux ou de victimes de catastrophes nucléaires… Ils proposent ainsi d’assouvir les fantasmes de touristes en quête d’adrénaline.
Le slum tourism ou le tourisme de pauvreté
Cet autre type de tourisme amène les touristes dans les endroits les plus pauvres ou les bidonvilles de certaines villes comme le quartier Dharavi à Mumbai (Inde), les quartiers pauvres du Cap en Afrique du Sud, ou encore les bidonvilles de Rio (Brésil). Ici aussi, la liste est très longue.
La controverse
voyeurisme et opportunisme ou devoir de mémoire et conscientisation?
La qualification de ce qui est considéré comme du tourisme noir est souvent lié à la signification historique, à la mémoire collective ou à l’époque à laquelle les faits ont eu lieu. Ainsi, une visite du champ de bataille de Waterloo (1815) ou de Pompéi n’a pas la même signification ou résonance que celle de la plage du débarquement de 1945, du Fort de Breendonk, du mémorial de Hiroshima ou du génocide rwandais à Kigali.
Les détracteurs de cette forme de tourisme reprochent aux voyagistes ou instances qui organisent ces visites de surfer sur la misère du monde ou des faits morbides, de nourrir des curiosités malsaines et d’en « profiter » pour en tirer une source de revenus. Parfois, la visite d’un lieu historique est devenu tellement touristique qu’il fait place à une description édulcorée ou trafiquée de la vérité, digne des meilleurs films hollywoodiens ou d’une approche peu fiable et non réaliste qui met l’accent sur le sensationnel.
Les partisans y voient au contraire l’accomplissement d’un devoir de mémoire, d’un souci de pédagogie (en particulier envers les nouvelles générations) ou la prise de conscience de la gravité de certaines conditions de vie ou de faits historiques qui ont touchés l’humanité.
A visiter … en connaissance de cause
Qu’on soit pour ou contre, la meilleure forme de tourisme restera celle qui vise à être la plus respectueuse possible de l’authenticité des faits, de la mémoire des victimes ou des conditions de vie des habitants, et à tirer de cette expérience les leçons du passé pour mieux comprendre l’histoire ou pour prendre conscience de situations à améliorer ou à ne plus jamais revivre.
Destinations de tourisme noir
Vous trouverez sur internet un grand nombre de sites “ventant” les destinations du «dark tourism» ou du «slum tourism», comme le site http://www.dark-tourism.com/
Quelques photos:
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