Un « sport extrême » : c’est quoi ? A partir de quand un sportif doit-il prendre conscience des risques encourus dans la pratique d’un sport qualifié de “risqué” ou « d’extrême » et qui pourrait le mettre en danger ?
Tom de Dorlodot nous donne ses recommandations en la matière en se basant sur sa vaste expérience du parapente.
Les « sports à risque » sont-ils vraiment risqués ?
On me demande souvent : « Est-ce vraiment risqué de pratiquer le parapente ? » Cette question me fait sourire car la réponse est nuancée. Je dirais que cela dépend entièrement et simplement de l’attitude du pilote …
Les sportifs qui exercent un sport dit « à risque » ou « extrême », sont souvent considérés comme des « têtes brûlées » ou des « trompe-la-mort ». Il est vrai que leurs vidéos impressionnent sur YouTube: le base jump, le kite surf, le VTT en montagne, le ski sur des pentes extrêmes... Sur un écran, tout cela a même l’air d’une facilité déconcertante … et donc sans danger aussi. Et on en oublie facilement que ces athlètes sont des pros et qu’ils ont d’abord accumulé des années d’expérience.
On dit qu’il faut 10.000 heures de pratique pour exceller dans un domaine !
Cela nécessite de la patience et il est impératif de ne pas vouloir brûler les étapes.
Ne zappez pas l’apprentissage
Or, personne ne naît athlète pro ! Pour ma part, avant de pouvoir voler seul, j’ai dû passer par un apprentissage long et sérieux. Le parapente n’est pas un sport dangereux, mais il comporte des risques. Avec la bonne attitude, chaque sport, quel qu’il soit, peut être pratiqué dans les meilleures conditions de sécurité possibles.
Lorsque j’ai commencé à voler à 15 ans, j’ai fait en sorte de respecter ma courbe de progression. Avec mon groupe d’amis, nous ne rations aucune opportunité pour nous inscrire à différents stages de perfectionnement. Toutes nos semaines de vacances scolaires étaient réservées à notre passion. Nous avons même fait des stages de simulations d’incidents en vol pour apprendre à réagir en cas de problème. Très vite, nous avons accumulé beaucoup d’heures de vol et acquis un bon niveau de pratique. C’est en étant dans un environnement sécurisé et encadré par des pros que j’ai pris de bonnes habitudes en vol et pu acquérir des bases saines qui deviendront des piliers pour ensuite évoluer en toute sécurité.
Savoir côtoyer l’élite pour progresser
A 18 ans, j’ai compris que si je voulais continuer à prendre du niveau il fallait que je m’entoure mieux encore. Comme au tennis, c’est en jouant avec meilleur que soit que l’on progresse. Je savais qu’à Grenade (Espagne) se trouvait « l’élite » du parapente … Fraîchement diplômé et donc bachelier en communication, j’ai décidé de partir faire mon Master à Grenade. Là j’ai pu obtenir un status d’étudiant « sportif ». Ceci me permettait d’aller en cours le matin et de voler l’après-midi. Grâce à ma rencontre avec Raul et Félix Rodriguez (champions du monde de parapente) et Ramon Morillas (champion du monde de paramoteur), j’ai pu rapidement évoluer. C’est incroyable ce qu’on apprend vite lorsqu’on est bien entouré. J’ai pu rapidement passer à la vitesse supérieure, et à nouveau : en toute sécurité.
Avoir de la patience et bien s’équiper
Les deux erreurs qui surviennent régulièrement dans le milieu du parapente (comme dans les autres sports à risques d’ailleurs) sont l’impatience d’atteindre trop vite le niveau supérieur et l’utilisation d’un matériel non adapté.
Si vous venez de commencer un nouveau sport, ne vous précipitez pour vous jeter dans l’inconnu. Restez humble et pratiquez à votre niveau.
Equipez-vous de matériel aussi adapté à votre niveau. On n’apprend pas à rouler en moto sur une 1200 cc … « Qui va piano va sano » est l’adage à garder en tête.
Sécurité active & sécurité passive
Je parle souvent de la sécurité active. C’est en fait l’attitude du pratiquant : est-il à l’écoute de son intuition, est-il prudent, fait-il preuve d’intelligence dans la pratique, gère-t-il le risque … et est-il capable de l’évaluer. Et puis de sécurité passive : est-il bien équipé avec du matériel de sécurité ? Ne lésinez pas là-dessus ! Casque, protections, parachute de secours (pour le parapente), sac anti avalanche, etc. Ce sont des incontournables. On n’a qu’une vie.
Pratiquer un sport extrême pour se surpasser
Au-delà d’apporter des sensations fortes et vertigineuses, la pratique du sport extrême fait partie de mon mode de vie ! C’est un beau moyen de se surpasser. Mes expéditions en mer et en montagne m’ont appris à gérer le stress, à mieux appréhender les situations dangereuses, à écouter mon intuition et même à garder mon sang froid quand des situations compliquées se présentent … Ce sont des leçons qui m’aident et qui m’accompagnent et ce, dans la vie de tous les jours. Vivre de manière intense m’apprend aussi à mieux profiter de l’instant présent.
On me demande aussi souvent « tu n’as jamais peur ? »
La peur est ce qui me permet de rester en vie. Avoir peur m’aide à mieux me préparer, à respecter le challenge. Je l’accepte, je la reconnais et surtout je la respecte. L’humilité est notre plus grande sécurité.
Là-dessus, je vous encourage à vous lancer ! Soyez responsable et profitez-en en toute sécurité.
Amusez-vous et surtout soyez prudents !
Tom
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Photo couverture : © Tom de Dorlodot
Autres photos : © John Stapels