Nicolas, Johanna et leurs 4 enfants ont quitté la Belgique le 1er avril 2017 dans un truck spécialement aménagé pour se rendre en Australie. Leur aventure les conduira sur la route de la soie jusqu’en Mongolie et l’Asie du Sud-est avant de prendre le bateau pour l’Australie.
Ces « Sixglobetruckers » nous livrent le témoignage de leurs aventures.
1. Le projet : faire le tour du monde
Comme beaucoup… on s’est un jour dit « Et si on faisait le tour du monde ? Non mais vraiment… » Pour changer de repères, apprendre à nos enfants à se débrouiller en toutes circonstances, quitter l’engluement du confort bien établi, se nourrir de rencontres et découvertes, se construire de beaux souvenirs en famille… Puisqu’on y pensait vraiment, le tout n’était pas d’avoir l’idée, encore fallait-il construire le projet.
Par où commencer ?
- Economiser ? … oui, certainement.
- Puis réfléchir au bon moment compte tenu de l’âge des enfants, des projets professionnels et immobiliers déjà entamés.
- Très rapidement s’est aussi posé la question du comment : en vélo, en véhicule aménagé, sac au dos, en bateau ?
- Et puis pour partir où… ?
2. Choisir la destination
L’un d’entre nous avait déjà vécu 10 ans aux Etats-Unis, or on avait envie de découvrir de nouveaux endroits ensemble… L’Afrique semblait semée d’embûches : pistes impraticables, maladies, conflits. Autant partir vers l’est, « Tiens, pourquoi pas vers l’Australie ? Tant de personnes croisées rapportent que la qualité de vie y est incroyable, et si on allait essayer d’y vivre ? »
A jeter un premier coup d’œil sur le site du Ministère des Affaires Etrangères français on peut visualiser en une carte les zones sûres et celles qui le sont moins. Rapidement on entrevoit que les routes qui rallient Bruxelles à Sydney ne nous laissent pas tant de choix.
-Soit nous traversons la Russie jusqu’en Mongolie et descendons vers l’Asie du sud-Est avant de prendre un bateau pour rejoindre Darwin.
– Soit nous prenons la « route de la soie » et traversons les -stans pour rejoindre la Mongolie.
-Soit nous allons jusqu’en Iran et descendons vers Bander Abbas pour traverser le Golfe Persique et arriver à DubaÏ, port à partir duquel nous pouvons nous rendre à Mumbai ou Kuala Lumpur.
Cette dernière solution nous tentait moins, nous préférons voir plus de terre que de mer. Et ne passer que par la Russie nous semblait moins intéressant que de découvrir l’ensemble des -stans…
On a donc opté pour cette route mythique !
3. Choisir le moyen de transport
Et pour découvrir le monde : rien de tel que le vélo bien sûr ! Quelle merveilleuse idée ! Pour l’aspect écologique, garder un rythme lent et favoriser la rencontre de chacun. Puis 1, 2 bientôt 3 et finalement 4 enfants sont arrivés. Le vélo ne semblait tout d’un coup plus la meilleure des idées… Porter en permanence les affaires d’une tribu de six personnes non plus ! On s’est donc rapidement tourné vers la solution des véhicules aménagés pour y vivre.
4. Fixer l’itinéraire
Avec des économies suffisantes, des travaux finissant et une quantité d’informations progressivement accumulées à l’aide de blogs d’autres voyageurs nous avons vu le faisceau se resserrer ENFIN vers un trajet plus précis et une date de départ.
Nous allons rouler vers la Turquie, puis l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Kirghizstan, le Kazakhstan, la Russie, la Mongolie, la Chine, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, traverser les mers de Java et de Timor pour atteindre Darwin et poursuivre jusque Sydney.
C’est le climat qui nous a dicté la date de départ : pour sortir de Mongolie avant qu’il ne fasse -15°C (soit maximum fin septembre) et avoir le temps de parcourir ce trajet il nous fallait partir aux premiers rayons du printemps. Nous avons donc regardé quel était le 1er jour des vacances scolaires de Pâques pour la fixer : le 1er Avril 2017.
5. Les préparatifs
Le véhicule :
Au moment où nous avons fixé cette date, il nous restait 2 ans pour mettre en œuvre le projet concrètement, à commencer par trouver LE véhicule. Après maintes recherches sur des blogs et forums spécialisés en camions et camping-car aménagés pour faire le tour du monde nous avons trouvé ce qui nous convenait : un camion robuste, pas trop gros, sans trop de km, qui avait déjà traversé l’Afrique avec une famille comme la nôtre, 4×4, 500L de réserve en eau, idem en fuel, 2 panneaux solaires, 2 bombonnes de gaz, des toilettes sèches (l’ensemble nous promet une autonomie de 1.500km), 6 ceintures homologuées, des roues jumelées à l’arrière, pas d’électronique pour qu’il puisse se faire réparer partout, de la marque Iveco réputée représentée dans le monde entier, pas trop « tape-à-l’œil » pour éviter de provoquer l’envie, et déclassé à l’Argus pour diminuer le prix du Carnet de Passage en douane.
Un chauffeur-mécanicien :
Véhicule trouvé, encore lui fallait-il un chauffeur habilité ! Une des 1ères démarches a donc été de passer le permis camion (et demander des permis internationaux). Puis nous avons pris un an pour parfaire sa mécanique, et les connaissances de son chauffeur ! Nous avons …
- remplacé les pièces usagées,
- gardé les anciennes au cas où,
- filmé l’ensemble des manipulations dans les différents garages pour se faire des auto-tutoriels,
- créé une « sortie de secours » qui n’existait pas,
- remis des pneus neufs,
- ajouté un séparateur eau-fuel.
- Il a fallu aussi alléger notre monture, surtout du poids qui se trouvait excentré et en hauteur et qui déséquilibrait l’ensemble. Nous avons donc, entre autres, démonté les cuves d’eau en métal pour les remplacer par des jerricans alimentaires en plastique, et ajouté un filtre à eau.
L’équipement :
L’inconvénient d’un camion habitué à l’Afrique est qu’il n’est pas équipé pour le froid. Nous avons donc mûrement réfléchi a comment nous chauffer. Nous avons placé une chaudière avec un kit altitude pour que l’oxygène puisse quand même lui arriver en suffisance en montagne. Mais compte tenu des nombreux témoignages de bloggeurs rapportant des défaillances de ce genre d’appareil nous avons fait le choix de placer également un poêle à bois ; aussi, avouons-le, pour la chaleur de l’ambiance qu’il crée et la cuisine qu’il permet.
Dernière coquetterie, nous avons décoré l’extérieur avec des stickers qui représentent notre famille de façon sciemment naïve, prévenant que nous sommes un camion particulièrement lent et remerciant les autres conducteurs de supporter cette lenteur. L’adresse de notre blog y figure également pour faciliter le contact et permettre aux gens d’identifier immédiatement notre projet.
6. Informations pratiques et formalités administratives
Parlons du blog justement… Parallèlement à l’équipage du véhicule nous avons dû nous anticiper la traversée de la Chine. Traverser ce pays avec son propre véhicule est probablement l’étape la plus complexe du voyage : il faut avoir des plaques chinoises, un permis chinois, déposer une nouvelle caution pour un nouveau Carnet de Passage, re-passer au contrôle technique, et payer un « guide » qui nous accompagne tout du long. Quelques agences se sont spécialisées dans le fait d’offrir tout cela « clé sur porte » mais elles sont très chères.
Pour diminuer les frais, surtout liés au guide, nous nous rassemblons donc en « convoi ». Et ce convoi se prépare un an à l’avance… Pour nous trouver, nous inscrivons tous nos blogs dans des forums et des rubriques dédiés de sites spécialisés dans ce genre de voyages. Créer un blog de notre aventure pour nous présenter a donc constitué une des premières étapes de ce périple !
Pour nous il a aussi fallu attendre plusieurs années de travaux que la maison achetée puisse se louer, puis d’avoir de quoi nous acheter aussi notre maison mobile. D’autres familles font le choix de vendre leur maison pour vivre ce rêve, nous avions fait le choix inverse : assurer une base arrière avant de nous lancer. Voilà qui tombait bien, cela laisserait le temps aux enfants de grandir un peu – leur donnant l’occasion d’accumuler davantage de souvenirs, et aux parents de terminer de gros projets professionnels.
A quatre mois du départ les choses se sont furieusement accélérées, au programme : poser des congés/démissionner, faire des vaccins, trouver un système de location pour notre maison, la vider, re-vaccins, chercher une assurance voyage, clôturer les autres assurances/abonnements, avoir plusieurs sortes de cartes de banque, encore vaccins, puis visas, s’équiper en multimédias, applications, cartes, disques durs, GPS, prévenir l’école des enfants, s’équiper en matériel scolaire, faire tous les derniers check-up médicaux, vendre la voiture, et surtout prévoir une grande fête pour dire au revoir à tous nos amis et familles !
Et maintenant, en route pour l’Australie !
A suivre…
Retrouvez aussi l’aventure des Sixglobetruckers sur leur blog.