Tom de Dorlodot, grand voyageur et aventurier est parti avec sa compagne Sofia pour arpenter le massif des Alpes en hiver. Ce genre d’aventure ne s’improvise pas ! Tom nous raconte son vécu et nous livre les secrets d’une bonne préparation.
40 jours en haute montagne
Nous venons de rentrer de 40 jours en haute montagne dans les Alpes. Sofia et moi sommes partis juste après Noël. Un road trip sans itinéraire trop précis. Nous avions juste l’envie de partir à la recherche de la neige fraîche et de bonnes conditions pour faire du ski de randonnée et du hors piste. Nous avons sillonné les routes de montagnes en Italie, en Suisse et en France. Notre coffre était rempli à craquer de matériel de parapente, de skis, de notre équipement complet d’alpinisme… Notre séjour à la montagne a été intense, rempli de moments inoubliables. Nous avons rendu visite à tous nos amis qui vivent dans le coin et qui nous ont fait découvrir « leurs montagnes ». C’était génial !
Je voudrais partager avec vous quelques conseils, quelques petits trucs et astuces que j’applique quand je pars.
Quelques bonnes maximes
« La montagne n’est pas méchante, mais elle est dangereuse »
C’est une phrase que je me répète souvent lorsque je me prépare à partir au cœur des massifs. Nous, les Belges, n’avons pas grandi en montagne et notre expérience est en général assez limitée. Je ne peux que vous conseiller de toujours rester humble face aux éléments.
Bien sûr, c’est d’abord en restant sur les pistes qu’on est le plus en sécurité. Si vous n’avez pas l’expérience requise pour en sortir, surtout ne le faites pas. Ou en tout cas pas sans être accompagné par un, voire des, professionnel(s). Les stations de ski sont sécurisées, balisées, les secours y accèdent facilement et vous n’êtes jamais seul(e) au monde.
Si néanmoins vous décidiez de sortir des sentiers battus, voici quelques points à ne pas négliger …
« La préparation, c’est la clé du succès »
Avant de partir en montagne, assurez-vous que vous êtes prêt à tous niveaux : physiquement, mentalement mais aussi que vous soyez parfaitement équipé.
Je ne pars jamais pour une grosse journée de randonnée en montagne sans avoir testé mon matériel sur un itinéraire moins engagé. Si le besoin se fait ressentir, je le fais réviser. « Il n’y a pas de mauvaises conditions, mais que du mauvais matériel. »
Sofia et moi avons dormi sous tente à 2500 mètres d’altitude cet hiver et par presque -10°C. Et nous n’avons eu aucun problème avec nos sacs de couchage d’expédition … Avoir le matériel adéquat est primordial. Préparez-vous en fonction des conditions annoncées, et sachez surtout qu’elles peuvent changer à tout moment.
Pensez à analyser la météo avant de partir. La visibilité sera-t-elle bonne ? Va-t-il neiger ? Ou faire très froid ? Quel est l’indice de risque d’avalanche ? Personnellement, je me réfère souvent au site www.meteoblue.com, c’est une bonne source d’informations dans les Alpes.
A emporter dans votre sac à dos
Je prends toujours un sac à dos avec moi, dans lequel j’emporte ce que j’appelle la base :
- de l’eau et de la nourriture (quelques barres de céréales et des fruits secs). Il faut bien s’hydrater en montagne, l’air y est très sec et « On marche comme on mange ». Il est important de faire le plein d‘énergie régulièrement ;
- un vêtement supplémentaire ou de rechange pour le froid ;
- de la crème solaire ;
- des lunettes avec un bon indice de protection ;
- une lampe frontale car les journées sont courtes en hiver. On est parfois vite surpris par la pénombre ;
- un téléphone … avec une batterie chargée ! C’est indispensable pour appeler les secours et il permet de donner sa position précise grâce aux coordonnées GPS. Elles se retrouvent facilement dans votre application ou option Map / Boussole ;
- un casque ;
- un masque si les conditions sont mauvaises car il offre une meilleure visibilité ;
- une carte ;
- un briquet ;
- un peu d’argent …
Pour le hors pistes
Lorsque je m’éloigne des pistes, je prends également avec moi :
- un sac avalanche (airbag). C’est déjà un certain budget, mais il est possible d’en louer en station ;
- une balise Arva. Il faut apprendre à l’utiliser, et donc la tester. En cas d’avalanche, il faut réagir vite et savoir utiliser le matériel de secours ;
- une sonde ;
- un GPS ou une montre avec GPS (en plus du smartphone …) ;
- une pèle à neige ;
- une balise Garmin Delorme In reach qui envoie mes coordonnées GPS en « live » et qui peut envoyer un message de détresse, même dans un lieu sans réception téléphonique ;
- une trousse de secours de premiers soins ;
- une fusée de détresse.
Tout ce que j’énumère ici ne constitue finalement que de la sécurité passive. Car, le plus important, c’est avant tout de considérer ces principes élémentaires de sécurité active.
Pensez à votre sécurité active
Soyez responsable et adoptez la bonne attitude en montagne. Faites preuve de bon sens : la prudence reste toujours de mise. L’aventurier Mike Horn m’a dit un jour que le plus important c’est de rentrer entier à la maison. Il a tellement raison ! 😉
On ne skie pas en dehors des pistes comme on skie en station.
Il y a des cailloux cachés, des ponts de neige, il peut y avoir des crevasses … Un jour, un ami s’est emmêlé dans une clôture d’alpage cachée 10 cm sous la neige. Un piège aussi inévitable que dangereux …
Adaptez votre vitesse.
Ne partez jamais seul, prévenez toujours quelqu’un de votre itinéraire, de vos plans et de votre objectif.
Donnez lui une heure limite. « Si je ne suis pas rentré à telle heure, merci d’alerter les secours ». Si, en chemin, vous décidez de changer de plan, faites-le savoir à votre contact du camp de base ou un proche.
Cas vécu : Ce cas de figure nous est arrivé cet hiver. La nuit nous a surpris lors d’une randonnée à ski … bien plus longue que prévue. Nous avons voulu « couper » en sortant par une autre vallée que celle qui était initialement prévue. Nous avons perdu beaucoup de temps. Lorsque nos amis se sont inquiétés, ils sont partis à notre recherche. Malheureusement, nous n’avions pas de batterie sur nos téléphones portables (le froid peut les décharger plus rapidement qu’en temps normal) et ils nous cherchaient sur l’itinéraire initial. Par -18°C et dans un état de fatigue avancé, la situation était pour le moins tendue ! Au final, nous avons probablement évité le pire et sommes rentrés entiers, indemnes, sains et saufs. Mais c’est important de se rendre compte qu’on était à la limite, et qu’on ne joue pas avec ça … Si nécessaire, nous n’aurions pas hésité à recourir à tous les moyens cités plus haut.
Respectez vos capacités, celles de chacun, et adaptez-vous au niveau du plus faible.
Trop souvent, des gens avec peu d’expérience sont embarqués dans des situations qui les dépassent rapidement. C’est trop dommage de leur faire peur et de les dégouter de la montagne !
Commencez petit, apprenez, prenez le temps, demandez conseil.
On dit que « la montagne craint l’homme lent », et c’est vrai. Chaque station de ski a un centre d’informations ou un bureau des guides. Allez-y ! De plus en plus de stations proposent même des itinéraires semi-sécurisés pour faire du ski en hors pistes et de la randonnée. Profitez-en ! Vous pouvez également apprendre en toute sécurité en faisant un stage, par exemple en formation Alpinisme avec l’UCPA. (www.ucpa-vacances.com/sport/alpinisme/)
Si vous cherchez un guide assermenté, la plateforme Explore and Share (https://www.explore–share.com/) vous propose des guides sélectionnés pour leur grande expérience et leur sérieux. C’est encore le meilleur moyen de partir bien encadré et d’aller trouver les meilleures conditions. On ne le dira jamais assez : ça se prépare !
Bons préparatifs, profitez, amusez-vous … et restez prudents !
Blue skies and soft landings,
Tom de Dorlodot.
Tom de Dorlodot est parapentiste professionnel. Il parcourt la planète pour assouvir sa passion des grands espaces. Ce globe-trotter a voyagé dans plus de 60 pays et revient régulièrement avec de belles histoires et de superbes images à partager. Il est le leader de l’équipe de Search Projects.
Découvrez les autres aventures de Tom dans notre dossier “Voyages et aventures”